Rester en bonne santé, dit la médecine navajo, ne saurait vouloir dire adopter une attitude craintive. Ce n’est pas nécessairement vivre sans prises de risque, à l’abri dans une bulle, dans la crainte des microbes, des virus, autrement dit de la vie. La guérison navajo semble indiquer qu’il est possible de vivre, d’oser vivre, que rien ne viendra nous punir. On peut s’éloigner de l’état d’hozho si l’aventure le réclame, mais on peut aussi y revenir. Les Etres sacrés ne nous en voudront pas. La guérison navajo serait finalement au service des possibles, des tentations. Vivez! Mais ne perdez jamais complètement votre pouvoir de guérison. Vivre, ce n’est pas tout faire pour éviter de tomber malade. Non, vivre c’est avoir la capacité de guérir au moment voulu.
(Sylvie Crossman, Jean-Pierre Barrou, Enquête sur les savoirs indigènes)
Les « pratiques chamaniques » sont peut-être avant tout des moyens de soigner (sur les plans physique, psychique ou spirituel), qui ont des sources très anciennes et se retrouvent dans diffèrentes régions du monde. Elles permettent d’activer notre pouvoir de guérison – et donc de vivre avec confiance et joie!
Là aussi, ces techniques reposent sur le recours aux forces et aux ressources de la « réalité non-ordinaire ». Ici, cependant, c’est celui qui soigne qui voyage dans les mondes spirituels, avec l’aide de ses « alliés », pour la personne qui reçoit le soin.
Les deux formes fondamentales de ces soins sont les « extractions » et le « recouvrement d’âme ». Dans la conception chamanique, en effet, la maladie est provoquée soit par l’intrusion en nous de « quelque chose » qui ne nous appartient pas, ou alors par la perte d’une partie de notre âme (notamment suite à un traumatisme). Nous sommes comme parasités par un élément étranger qui provoque un « blocage » de notre vitalité, de notre joie de vivre, ou alors nous avons le sentiment d’être séparés d’une partie de notre énergie. Le soin consiste alors à extraire, dans la réalité non-ordinaire, ce qui nous encombre, ou à aller récupérer ce qui a été perdu – et en fait très souvent une combinaison des deux.
(Il n’est absolument pas question ici de prétendre que ces démarches se substituent aux traitement de la médecine. Mais elles sont des moyens simples et souvent très puissants de retrouver plus d’énergie et de tranquillité. Elles fournissent par là un complément appréciable à ces thérapies.)